quinta-feira, 22 de outubro de 2015

HITLER E NETANYAHU


 

Elie Barnavi, antigo embaixador de Israel em Paris comenta as mais recentes declarações do primeiro- ministro israelita Benjamin Netanyahu:

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Les nouveaux nazis de Netanyahou


Ainsi parla Benyamin Netanyahou, le Premier ministre de l’Etat juif, devant le Congrès sioniste réuni en sa capitale, Jérusalem: "Hitler ne voulait pas exterminer les Juifs à l'époque, il voulait les expulser. Hadj Amine al-Husseini est allé voir Hitler [en novembre 1941] et lui a dit: 'Si vous les expulsez, ils viendront tous en Palestine.' Hitler lui a demandé : 'Que dois-je en faire alors?' Et le mufti lui a répondu: 'Brûlez-les.’"

Vous pensiez savoir que la Shoah a été voulue par Hitler, planifiée par ses dignitaires et exécutée par ses sbires et leurs complices des pays occupés. Vous vous souveniez du discours qu’il avait prononcé le 30 janvier 1939 devant le Reichstag, à Berlin : "Aujourd’hui, je serai encore un prophète : si la finance juive internationale en Europe et hors d’Europe devait parvenir encore une fois à précipiter les peuples dans une guerre mondiale, alors le résultat ne serait pas la bolchevisation du monde, donc la victoire de la juiverie, au contraire, ce serait l’anéantissement de la race juive en Europe."

Sans être un spécialiste de la querelle des "fonctionnalistes" et des "intentionnalistes", vous ne doutiez pas que le massacre systématique du peuple juif était inscrit dans les gênes de l’« antisémitisme rédempteur » nazi (Saül Friedländer). Vous saviez par ailleurs que la « Shoah par balles » avait débuté dès le déclenchement de la guerre à l’est, à l’été 1939, dans le sillage de la progression des armées allemandes en Pologne, soit plus de deux ans avant la visite du Grand Mufti à Berlin.

Bien sûr, vous étiez au courant de l’antisémitisme rabique du Mufti, de son flirt avec Hitler, de ses tentatives de mettre sur pied une division musulmane S.S. peuplée de Bosniaques. Mais vous saviez aussi que les sympathies pro-allemandes étaient monnaie courante à travers l’empire britannique, de l’Inde à l’Irak, en vertu du vieux principe « l’ennemi de mon ennemi est mon ami », un principe qui, hélas, n’a pas épargné une frange folle de nos Combattants pour la Liberté d’Israël (Leh’i, ou bande Stern). Et vous saviez, enfin, que seule la « petite troupe abjecte » des négationnistes (Pierre Vidal-Naquet) mettait en doute ces faits fondamentaux.

Eh bien, vous vous trompiez. Dans l’imagination fébrile de notre Premier ministre, le Mufti précède le Führer et le supplante, les Palestiniens sont les maîtres et les Allemands, les élèves. Ce benêt d’Hitler n’y aurait pas pensé tout seul, il avait besoin d’un al-Husseini pour lui mettre la puce à l’oreille.

Comment rendre compte d’une telle prostitution de la Shoah ? Quel est le cheminement d’une pensée capable d’y aboutir ? C’est simple, hélas ! Dans la camisole de force politique où il se débat, « Bibi » fait feu de tout bois. Hier, pour prévenir l’accord nucléaire avec Téhéran, les Iraniens étaient accusés d’être les nouveaux nazis. Aujourd’hui, dans les affres des attaques au couteau qui mettent à mal le mythe de l’unité de Jérusalem, c’est le tour des Palestiniens d’endosser l’uniforme S.S., celui de Mahmoud Abbas de prendre la place du Grand Mufti.

Cependant, cette fois, Netanyahou atteint des bas-fonds où même ses pires adversaires n’imaginaient pas qu’il pût plonger. Cette fois, il foule aux pieds le Saint des Saints de la mémoire douloureuse de ce peuple. Cette fois, en faisant d’un collaborateur minable, représentant d’une province marginale de l’empire britannique, le principal promoteur de la Solution finale, il offre un cadeau inespéré aux négationnistes de tout poil : si lui le dit, c’est que c’est vrai, Hitler n’est pas si coupable que cela. Cette fois, il dédouane du même coup tout ce que l’Europe compte d’extrême-droites plus ou moins nostalgiques du fascisme, voire du nazisme.

L’Histoire est la maîtresse de l’homme d’Etat. Elle n’est que la catin du politicien. Et c’est à Churchill que cet homme prétend ressembler ?

Elie Barnavi est historien et essayiste, Professeur émérite d'histoire moderne à l'Université de Tel-Aviv, et ancien ambassadeur d'Israël en France.

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