domingo, 29 de agosto de 2010

UM ASSUNTO DE FAMÍLIA

Publicado ontem em "Le Figaro"

Banier, le dandy photographe

François-Marie Banier pose devant l'un des portraits de Samuel Beckett, le 20 novembre 2009.
François-Marie Banier pose devant l'un des portraits de Samuel Beckett, le 20 novembre 2009. Crédits photo : ASSOCIATED PRESS


Après une enfance bourgeoise, l'homme, rebelle et charmeur, a su se faire une place auprès des gens les plus en vue du monde de l'art et du spectacle. Parmi eux : Aragon, Dali, Beckett et plusieurs grands mécènes. Portrait.


«Il a la voix de Cocteau, l'allure de Rimbaud et la chevelure de Saint-Saëns», disait de lui la mécène Marie-Laure de Noailles. François-Marie Banier, 63 ans, jugé pour abus de faiblesse sur la milliardaire Liliane Bettencourt, est un artiste touche à tout et une figure du Tout-Paris. Né en 1947 d'une mère franco-italienne et d'un père hongrois publicitaire, «FMB» - comme l'ont surnommé certains médias - a quitté tôt l'école et le domicile familial, situé dans le XVIe arrondissement de Paris, pour tenter sa chance auprès de l'intelligentsia de la capitale.


Adolescent frondeur, il a 15 ans lorsqu'il rencontre le peintre Salvador Dali, à qui il présente plusieurs de ses dessins. Au culot, le garçon est allé frapper à la porte de sa suite à l'hôtel Meurice. «Jeune homme, votre trait est trop épais, comme l'est peut-être aussi votre queue», lui aurait alors dit l'artiste. Les deux hommes se lient rapidement d'amitié. Quelques années plus tard, alors qu'il est le secrétaire particulier du couturier Cardin, François-Marie Banier fait également la connaissance d'Aragon. Rapidement, il intègre la bande du poète et adopte le rythme de vie qui va avec. L'argent coule à flots, les conquêtes sont belles et la vie s'offre à lui.

«Je suis grand et beau et je m'aime moi-même»
Banier au moment de la sortie de son premier roman, en 1969.
Banier au moment de la sortie de son premier roman, en 1969.

A 22 ans à peine, paraît son premier roman, «Les Résidences secondaires», publié chez Grasset. «C'est l'être le plus fou, le plus généreux, le plus drôle que l'on puisse rencontrer», écrit alors Aragon dans un article des «Lettres françaises». A 25 ans, le jeune séducteur publie son deuxième roman, «Le Passé composé». Les critiques sont dithyrambiques et osent un parallèle avec Cocteau. Aragon va même jusqu'à prédire qu'il sera un jour «le peintre le plus cruel et le plus gai du temps qui sera le sien». «Je suis grand et beau et je m'aime moi-même» clame alors le jeune premier à qui veut l'entendre.

Les années passent, et le cercle des connaissances de François-Marie Banier s'élargit. Séduisant et provocateur, François-Marie Banier joue volontiers de son physique d'éphèbe et de son bagout pour s'introduire en plus haut lieu. Plusieurs mécènes le prennent alors sous leur aile, dont Marie-Laure de Noailles, Pierre Cardin et Pierre Bergé. A partir des années 1970, le peintre-écrivain se met à la photographie. D'abord en tâtonnant, puis avec boulimie. Accédant au statut de «photographe des stars», il immortalise tour à tour Samuel Beckett, Isabelle Adjani, Sophie Marceau, Caroline de Monaco, François Mitterrand, Ray Charles ou encore Johnny Depp.

Pour autant, l'artiste - qui a exposé à Rome, Tokyo, Rio de Janeiro, Buenos Aires et Los Angeles - refuse aujourd'hui l'étiquette d'artiste mondain, lui préférant celle de «mondial». Et assure s'être détaché depuis plusieurs années de la jet-set parisienne. Actuellement, l'homme vit confortablement dans un hôtel particulier du VIe arrondissement de Paris avec son compagnon. Mais certaines amitiés ont toutefois perduré : notamment celle avec Liliane Bettencourt, rencontrée en 1969 avec son mari André au cours d'un dîner chez le journaliste Pierre Lazareff.

Il se défend d'être un courtisan

Selon le photographe et la milliardaire, cette complicité au long cours s'assoit sur une convergence de tempéraments. D'après la fille de la riche héritière, Françoise Bettencourt-Meyers, des intérêts financiers sont également en jeu. Contrats d'assurance-vie, chèques, tableaux de maîtres... Le photographe, selon elle, se serait ainsi fait remettre près d'un milliard d'euros de dons, dans les années 1990 et 2000, en profitant de la fragilité psychologique de l'octogénaire.

Une thèse fermement démentie par l'intéressé, qui assure que ces cadeaux lui ont été consentis par une «femme brillante et libre». «Je ne suis pas un courtisan», assurait-il dans une interview au Monde, le 9 décembre 2009. «Tout ce qu'elle m'a donné n'est rien par rapport à ce qu'elle m'a appris. Rien à côté du trésor d'optimisme, d'espérance et d'élégance dont j'ai bénéficié». Avant de conclure: «On verra qui était sous l'emprise de l'autre, elle ou moi !»

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